Il y a 78 ans – Hommage à ceux du Bourlet.

Un certain 4 septembre 1943, les troupes allemandes attaquaient un haut lieu de résistance en Belgique : le camp du Bourlet à Vonêche. C’est une dénonciation qui leur fit découvrir ce maquis pourtant bien caché dans les bois de la propriété du Baron Huart qui abrita les résistants au péril de sa vie.

Comme tous les ans, depuis 1944, une cérémonie se tient sur les différents lieux de mémoire. Elle est organisée par la Fraternelle de la résistance Beauraing-Gedinne.

N’ayant malheureusement pu être des leurs cette année, mes pensées sont avec eux à l’heure où se déroulent les cérémonies et c’est pourquoi je remets dans cet article des photos prises au cours des précédentes.

Ce chemin d’hommage et de mémoire débute à Baronville  aux portes de l’ancien site militaire. Il porte aujourd’hui le nom du Lieutenant Tholomé et une stèle y a été érigée.

On se dirige ensuite vers le cimetière de Vonêche pour s’incliner devant les tombes du Baron Huart et de notre regrettée Blanche Pochet dite « Blanchette ».

La tombe de la famille Huart

Les drapeaux s’inclinent devant la tombe de la famille Pochet

(C’est la dernière tombe près du mur d’enceinte du cimetière)

En souvenir de notre regrettée Blanchette, la plaque offerte par ses amis de la Fraternelle.

L’hommage se poursuit devant la stèle érigée à la mémoire du jeune Léon Parent fusillé à Anvers (Fort d’Edegem) le 8/12/1942. Il avait 19 ans.

Un service est habituellement célébré dans l’église de Vonêche mais l’église étant devenue inaccessible, il a eu lieu cette année en l’église Sainte-Catherine à Froidfontaine.

Dans le porche d’entrée de l’église de Vonêche, on pouvait voir les plaques commémoratives en souvenir des enfants de la commune morts pour la Patrie.

Auguste PIERARD – 2e Carabiniers – 26-08-1914
Arthur REMACLE – 2e Grenadiers – 24-10-1914
Louis HANNEUSE – 4e de Ligne – 31-10-1918

Léon PARENT – fusillé à Anvers le 08-12-1915
Jules MOUTON – déporté et décédé à Witten le 27-02-1917
Jules, Victor DEFRÊNE – Tué à Chavignon (Aisne) le 05-06-1940

Les résistants du maquis du Bourlet :

Louis THOLOMÉ – tué le 05-09-1943 au combat de Vonêche
Félix STEIVER – tué le 05-09-1943 au combat de Vonêche
Victor POCHET – décédé en 1945 à Flossenbürg
Fernand DEVILLE – fusillé à Charleroi le 19-11-1943
Norbert SANDRON – abattu à Vresse en mai 1944
Victor MAGNIER – décédé le 15-01-19145 à Reutlingen

Après quoi les membres et amis de la fraternelle se dirigent sur les lieux où se cachait le maquis dans les bois de la propriété de la famille Huart.

En haut d’une clairière, leur cabane est encore préservée

Tout à côté, la stèle en hommage au sacrifice du Lieutenant Tholomé et de son compagnon Félix Steiver.

En souvenir de notre chère Blanchette, qui fut notre présidente et notre exemple durant de nombreuses années, je remets ici un extrait du vibrant hommage qu’elle prononça envers ces braves, au pied même de cette stèle, en 2009.

« Chaque année, le 1er samedi de septembre depuis 1944, nous venons nous recueillir ici où, il y a 66 ans exactement, des hommes qui croyaient à la liberté, à l’honneur, à la justice, à la Patrie libre et unie, se trouvaient devant l’ennemi. Ces braves n’avaient pas courbé le dos sous l’envahisseur et entraient de tout coeur dans la résistance et ce n’était pas par peur qu’ils prenaient le maquis.

Hélas une lâche dénonciation les livra à l’ennemi. Par leur sacrifice, ils nous ont donné une leçon de courage et d’abnégation. Jamais nous n’oublierons ces milliers de braves et particulièrement aujourd’hui le Lieutenant Louis Tholomé dit « Lieutenant André », arrivé à Vonêche fin avril 1943, sauvé plusieurs fois des griffes de la Gestapo.

Le lieutenant avait été envoyé dans la région pour discipliner plusieurs maquis des environs. Nous nous souviendrons toujours du « P’tit Louis » si gai, si confiant qui représente tous ceux qui défendaient la liberté, l’honneur du pays.

Nous nous souviendrons :

de Félix STEIVER, arrivé au camp 3 jours seulement avant d’être tué le 5 septembre 1943

du brave Fernand DEVILLE arrêté le même jour et fusillé à Charleroi le 19 novembre 1943

de Norbert SANDRON réfugié après l’attaque au camp d’Orchimont et abattu à Vresse le 26 mai 1944

de Victor MAGNÉE décédé à Reutlingen le 15 janvier 1945

de mon papa Victor POCHET arrêté le 13 août 1943 qui, après une marche de la mort de Bleckhamer à Cossel, est décédé dans un wagon à Flossenbürg le 13 février 1945.

de Roger WAUTELET qui a tant aidé « Le Bourlet » et qui est mort comme beaucoup de ses compagnons au camp d’Elbrich le 22 mars 1943.

Ne les oublions jamais et revenons ici pour cet anniversaire avec les jeunes qui ne doivent jamais effacer de leur mémoire le sacrifice de tous ces milliers de martyrs pour que nous vivions libres ! [..] »

N’oublions jamais !

 

RMS Lancastria, une tragédie oubliée

C’est par des chemins détournés que j’ai récemment eu connaissance d’une tragédie qualifiée du plus grand désastre maritime de l’histoire de Grande-Bretagne. Le nombre de victimes dépasse en effet de loin celui du Titanic.

Et pourtant cette histoire est méconnue. Les pertes ayant été telles que Winston Churchill a demandé le blackout sur la nouvelle pour épargner le moral des britanniques déjà très éprouvé.

Ss Lancastria N375

Au début de la seconde guerre mondiale, ce transatlantique est réquisitionné pour le transport de troupes. En juin 1940, il est envoyé à Saint-Nazaire afin de participer, entre le 15 et 25 juin, à l’évacuation des troupes alliées et de civils dans les ports de l’Ouest de la France. (Operation Aerial)

Ce navire est prévu pour le transport d’un peu plus de 2000 personnes mais la Royal Navy demande à son commandant d’y entasser le plus possible de passagers afin d’en évacuer un maximum. On estimera leur nombre entre 4000 et 9000.

Quelque soit le chiffre, ils sont si nombreux qu’il leur sera quasi impossible de se déplacer sur les ponts du navire. Parmi les évacués il y a bien sûr une majorité de soldats britanniques, mais également des soldats canadiens, français, polonais, belges, ainsi que des civils hommes, femmes et enfants.

Nous sommes le 17 juin 1940 il est environ 16h et c’est au moment où le navire va quitter l’estuaire de la Loire qu’il est attaqué par la Luftwaffe. Les dégâts sont tels qu’il va couler en moins 1/2 heure sous les yeux impuissants des autres navires qui ne peuvent intervenir sous les assauts répétés des bombardiers allemands.

The Sinking of the Cunard Liner Ss Lancastria Off St Nazaire HU3325

Une fois l’attaque terminée, les Allemands ayant atteint leur objectif, les navires britanniques et alliés se portent au secours des survivants. Et une fois à terre,  de nombreux habitants de Saint-Nazaire leur viennent en aide.

Le nombre exact de passagers étant inconnu, celui des victimes l’est tout autant mais on  le situe entre 3000 et 6000 (pour le chiffre le plus haut). Les survivants sont au nombre de 2477.

Des victimes reposent, en France, dans 53 cimetières entre Brest et Soulac. Un chemin de mémoire relie les différentes communes qui les abritent. Au large de l’estuaire, une bouée marque l’emplacement de l’épave considérée, aujourd’hui, comme cimetière marin. L’épave repose à 24m de fond.

Afin que cette tragédie ne sombre pas dans l’oubli, une association écossaise – http://www.lancastria.org.uk/ –  à vu le jour et chaque 17 juin, une cérémonie du souvenir se tient à l’endroit où le navire a sombré.

Très nombreux sont les sites qui parlent de cette tragédie et parmi ceux que j’ai consulté :

« The forgotten tragedie » https://www.bbc.com/news/uk-scotland-33092351

https://en.wikipedia.org/wiki/RMS_Lancastria (en anglais)

Reportage Ouest-France : https://www.ouest-france.fr/culture/naufrage-du-lancastria-des-milliers-de-morts-dans-la-tragedie-fantome-3488849

https://fr.wikipedia.org/wiki/RMS_Lancastria (en français)