1918-2018 90e anniversaire de l’Armistice

Ce 11 novembre 2008, à l’écart des cérémonies officielles et loin des discours politiques, en Normandie le village d’Avremesnil s’est souvenu.

Cette commémoration du 90e anniversaire de la fin de la première guerre, c’est dans le village natal de l’aïeul que nous avons tenu à la vivre. Sur sa terre et pour honorer la mémoire de tous les jeunes Avremesnilais comme lui trop tôt disparus.

Ici ni clairons, ni tambours pour accompagner la cérémonie du souvenir. Notre fanfare à nous c’était la voix des enfants qui, parfois dans une joyeuse pagaille, suivaient ou guidaient leurs aînés vers les tombes des soldats inhumés dans le cimetière blotti autour de l’église. Sur chacune d’elles, en compagnie de Monsieur le Maire, ils ont déposé un petit bouquet de fleurs.

Un peu éparpillés parmi les tombes nous nous sommes ensuite tournés vers le monument aux morts et seule l’évocation du nom de chaque soldat a brisé le silence respectueux. Après la minute de silence, on a lu les discours officiels, puis les enfants ont entonné une timide mais belle Marseillaise.

Le ciel, qui nous avaient presque épargnés jusqu’alors, a ouvert les vannes au grand dam d’un des petits qui fit la réflexion suivante : « Voilà on a chanté et maintenant il pleut! ». Trop mignon !

Faisant fi de la pluie, la petite foule s’est rendue l’invitation de Monsieur le Maire pour le traditionnel verre de l’amitié Dans les locaux de la petite mairie il fut aussi procédé à la remise d’une décoration à un vétéran de la guerre d’Algérie.

Nous avons beaucoup aimé la cérémonie d’Avremesnil, non seulement pour des raisons personnelles, mais aussi parce cette commémoration simple, presque familiale, était noble dans son évocation du souvenir.

De là où ils sont, ils ont dû être contents nos soldats de voir qu’ils ne sont pas prêts d’être oubliés et, pour démentir Roland Dorgelès, ce n’est pas demain, qu’ici, ils mourront pour la deuxième fois!

Quand l’engouement autour des commémorations s’estompera…

…que restera-t-il ?

En cette veille du 90e anniversaire de la fin de la guerre 14-18, il n’est pas une radio, pas une télé, pas un journal qui n’y fasse allusion. Mais demain ?

Les nécropoles françaises de la Somme seront toujours aussi peu visitées et le secteur lui-même, s’il n’y avait les Britanniques, presque ignoré.

Car dans la Somme, avant l’arrivée de leurs amis britanniques en 1915, les soldats français se battaient déjà. Seulement on y mourrait moins et dans des circonstances aujourd’hui tellement peu « médiatiques » !

Et ces dizaines de soldats bretons (*), dont on sait pertinemment qu’ils reposent toujours dans le sol de La Boisselle, attendront encore et encore qu’on vienne les libérer de leur gangue de terre pour leur offrir une sépulture décente.

Ailleurs sur le front, de la Belgique aux Dolomites, de ceux qui ont perdu la vie dans ces petites batailles dont on parle si peu, voire jamais, parce qu’elles se sont livrées sur des fronts que l’on disait « calmes »; qui se souviendra ?

Enfin qui s’inquiètera un jour qu’à l’occasion de tel ou tel grand chantier il arrive même qu’on néglige les corps des soldats que l’on retrouve au cours des travaux ?

Demain le voile de l’indifférence retombera et on oubliera…

« C’est vrai, on oubliera. Oh ! je sais bien, c’est odieux, c’est cruel, mais pourquoi s’indigner : c’est humain…Oui, il y aura du bonheur, il y aura de la joie sans vous, car, tout pareil aux étangs transparents dont l’eau limpide dort sur un lit de bourbe, le coeur de l’homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours. La douleur, les haines, les regrets éternels, tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond.

On oubliera. Les voiles du deuil comme les feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le coeur consolé de ceux qu’ils aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. »

Roland Dorgelès « Les Croix de Bois »1919 (extrait du chapitre XVII)


(*) Mise à jour du 27/02/2009 : Ils seraient au nombre de 80 !


Landrichamps (F)

Dans le petit cimetière de Landrichamps, le monument à la mémoire de deux enfants du pays


Paul, André PAULET
2e classe à la 8e Cie du 148e RI
Tué à l’ennemi le 27 août 1914 aux environs de Givet
Disparu

et

Raymond CHARLOT
Mort pour la France lors du conflit de 40-45