1915 s’achève…Secteur de Souain

Après une période de repos, les 23 décembre et le 24 décembre 1915 le régiment remonte aux tranchées. Le 23 c’est tout d’abord le 3e bataillon qui va relever un bataillon du 81e R.I. Le 24 ce sont les 1er et 2e bataillons qui vont relever 2 bataillons, toujours du 81e.

Cette fois le 403e va prendre possession du sous-secteur Ouest. Dans le JMO ce sous-secteur est décrit comme ayant « à peu près » la forme d’un rectangle sur un front d’environ 1km350. Des trois bataillons qui l’occupent, deux sont en première ligne. Ce sont les 2e et 3e bats, le premier restant en soutien.

Dans la partie Ouest du front, occupée par le 2e bat., les tranchées allemandes sont distantes de 120 m tandis qu’à l’Est (3e bat.) elle ne sont qu’à 40 m des nôtres. Le 29 décembre, le front occupé par la 151e brigade s’étendra un peu plus vers l’Est jusqu’au boyau dit « Duchet ». Ce qui amène le 403e à étendre son front vers l’Est « de la valeur d’un front de compagnie »

Pour les hommes du 2e bataillon l’année se terminera (le 29) par une riposte à un violent bombardement à la grenade afin d’empêcher toute tentative d’attaque.

C’est à travers la lecture du JMO de la 301e Brigade qu’on apprend que les tranchées de première ligne, bouleversées, nécessiteront de gros travaux et en particulier du point de vue des moyens de communication. La pluie et la proximité de l’ennemi rend ces travaux encore plus pénibles pour les hommes.

Rien qu’au cours ces huit derniers jours, le 403e verra 24 de ses hommes mis hors combat. Parmi lesquels 3 tués.

Ainsi s’achève, pour ce jeune régiment, sa première année au front. Elle aura, selon les chiffres du JMO, coûté la vie à plus de 500 hommes (307 tués et 290 disparus) et mis hors de combat 967 autres parmi lesquels plusieurs décéderont des suites de leurs blessures.

« Français laissez-nous tranquilles »

L’attaque du 4 novembre se prolongera par des échanges de grenades jusqu’au petit jour où le 403e reprend ses positions. Les journées qui suivent seront, si l’on en croit le JMO, calmes. Rien à signaler en tout cas jusqu’à la date du 14 novembre.

Mais durant ces journées « calmes » le régiment perd encore plusieurs hommes. À l’ambulance de la Croix-en-Champagne certains d’entre-eux, blessés lors de la dernière attaque, décèdent des suites de leurs blessures.

4 novembre – caporal LAURENT Marcel, Henri – 25 ans né au Havre
6 novembre – caporal MOREAU Paulin – 20 ans – né à Dizy-Magenta
9 novembre – 2e classe VASSAUX Léon, Auguste (11e cie) – 21 ans
12 novembre – 2e classe PIEDELOUP Charles, Désiré (8e cie) – 36 ans – né à Paris 15e

Le 14 novembre, on note un fait étrange mais sans conséquences. En effet, profitant du brouillard, deux groupes Allemands (une dizaine d’hommes en tout) se portent en avant des lignes tenues par le régiment. Lors de la dissipation du brouillard, ils sont repérés de part et d’autre du poste d’écoute situé au point 491. Le JMO précise qu’ils sont, apparemment non armés. Ils disparaissent aux premiers coups de feu…

A part cet incident, qui ne provoquera aucune réaction de l’ennemi, le calme retombe sur les tranchées.

Le 17 novembre dans la nuit, une patrouille de la 5e cie, compagnie qui occupe le sous-secteur B, occupe un poste d’écoute allemand abandonné à la suite d’un bombardement. Détail piquant, dans ce poste d’écoute à moitié démoli, cette patrouille découvre les inscriptions suivantes:

Français, laissez-nous tranquilles

Le calme s’installera à nouveau jusqu’au 26 novembre.

La nuit du 27 novembre sera marqué par deux combats à la grenade dans le secteur de la 3e cie (sous-secteur A). Le premier s’engage à 1h45 du matin, à la demande du commandement, quelques obus seront tirés et le calme rétabli vers 2h10. Cependant vers 3h15 les Allemands tenteront une seconde attaque qui gagnera en intensité pour s’étendre sur tout le secteur occupé par la 5e compagnie.

Le JMO précise que 500 grenades seront lancées vers l’ennemi tandis que ce sont 300 grenades allemandes qui tomberont sur nos tranchées.

Début décembre le 403e sera relevé par les 55e et 112e RI. Et du 5 au 22 décembre il sera au repos dans ses cantonnements à Soulanges et Ablancourt.

Durant son séjour dans le secteur de La Courtine les pertes du 403e s’élèveront à 33 tués et 88 blessés.

Dans les tranchées de la Courtine

Extraits du JMO du 403e R.I. – novembre 1915

1er novembre

La 151e Division remise à la disposition du Général Commandant le 11e C.A. Fait mouvement pour se porter dans la région de St Mard sur Auve, Auve, Herpont, Herpine.

Le 403e embarqué en autos, avait été transporté le 31 octobre et arrivait à Somme-Suippe le 31 au soir où il s’installait en cantonnement bivouac

 

2 novembre

Installation des cantonnements.

Dans la soirée la 151e Division reçoit l’ordre de relever la 21e Division d’Infanterie dans les nuits des 3, 4 et 5 novembre.

La 301e Brigade et le 17e Territorial qui est mis à sa disposition, relèveront les éléments de cette Division qui se trouvent sur la Courtine depuis les « deux Mamelles » (inclus) jusqu’à hauteur (environ) de l’extrémité Est du Bois Christofari.

Le 403e et le Bataillon d’Halewyn et deux Cies du 17e Territorial relèveront dans la partie Est et aux cuisines marocaines, le 410e dans la partie Ouest, les deux dernières Cies du 17e Territorial se tiendront à Mollaudin.

 

3 novembre

Le Régiment quitte Somme-Suippe à 11 heures et va s’installer au bivouac dans les bois à 2 kms au Sud-Ouest de Laval.

Dans la nuit du 3 au 4, le 2e Bataillon du 403e et deux Cies du 17e Territorial relèvent le Bataillon du 65e et deux Cies du 21e Territorial, dans les tranchées de la Courtine.

 

4 novembre

Dans la nuit du 4 au 5, le 1er bataillon du 403e relève le Bt du 64e, au réduit, à la grande transversale et au Bois de la Truie.

 

Le 3e Bt du 403e relève le Bt du 120e dans les tranchées du front, ainsi que deux Cies Territoriales du Bataillon d’Halewyn qui relèvent deux Cies Territoriales de la Face Est du saillant.

 

Le Lieutenant Colonel Commandant le 403e prend le commandement du secteur de la Truie.

 

Le secteur d’un front d’environ 1200m est occupé par les 3e Bataillons du 403e, plus 4 Cies du 17e Régiment Territorial. Il est divisé en 2 sous-secteurs : sous-secteur A à l’Est occupé le 3e Bt, le sous-secteur B à l’Ouest occupé par le 2e Bt.

 

Le 1er Bt du 403e est en réserve derrière le 3e Bt.

La Cie de mitrailleuses du Régiment (7 pièces) celle du 17e Territorial (4 pièces) celle de la Cie de Brigade (2 pièces) défendent le secteur.

 

Les Allemands occupent des tranchées distantes des tranchées françaises de 15 à 100 mètres suivant les points. La droite du secteur paraît particulièrement sensible.

 

Le 4 novembre vers 23 hrs 30, les Allemands tentent au moment de la relève, un coup de main entre 490 et 491.

Ce coup de main, préparé à l’aide de jets de liquide enflammé semblait un instant devoir réussir; les Allemands parviennent en effet à prendre pied dans la sape 2 et dans la tranchée Normandin.

 

Les Compagnies du 403e qui, déjà sont dans le secteur pour relever les Cies du 64e et du 120e, contre-attaquent violemment et rejettent les assaillants qui ne parviennent en définitive qu’à avancer de quelques mètres, le barrage qu’ils avaient antérieurement établi dans la sape 2.

 

Ce coup de main qui échoue ainsi d’une manière complète, a certainement été la cause de pertes sérieuses pour l’ennemi. De nombreux cadavres allemands restent dans nos lignes; ils appartiennent au 73e Régiments d’Infanterie de Réserve.