La Somme – 1er juillet 2009

 

Du Lochnagar Crater à Thiepval en passant par Beaumont-Hamel, la Tour d’Ulster, le bois de Mametz et autres sites de souvenir ; comme chaque année en ce 1er juillet les commémorations se sont succédées dans la Somme. Ce jour marque le début de la grande offensive de la Somme en juillet 1916.

C’est par la cérémonie du Lochnagar Crater que débute cette journée du souvenir.

Le Lochnagar Crater au petit matin en ce 1er juillet 2009

 

A 7h28 un coup de canon rappelle l’explosion, le 1er juillet 1916 et à la même heure, de la mine placée là sous les lignes allemandes et qui provoqua cet immense cratère. Deux minutes plus tard, dans le calme revenu, des coups sifflets résonnent dans les alentours, tel qu’ils ont résonné lorsque les officiers britanniques donnèrent à leurs troupes le signal de sortie des tranchées pour partir l’assaut des tranchées allemandes.

À THIEPVAL


L’imposant mémorial de Thiepval 

A l’image du mémorial, c’est le plus imposant, voire important cérémonial de la journée avec celui de Beaumont-Hamel. Comme ailleurs il y eu les instants de recueillement, de prière, de chants accompagnés par une musique de l’armée britannique et le dépôt des gerbes. Après celles déposées par les personnalités, chacun était libre d’y déposer la sienne ou une petite croix du souvenir ornée d’un coquelicot et le nom du soldat à qui on la dédie.

Sur les murs du mémorial sont inscrits les noms des 73367 disparus Britanniques et Sud-Africains, tués entre juillet 1915 et novembre 1918, et n’ayant pas de sépulture connue. Au-dessus de l’arc de triomphe on peut lire « Aux Armées Françaises et Britanniques, l’Empire Britannique reconnaissant ».

A l’arrière du monument se trouve un cimetière du Commonwealth où soldats français et britanniques sont inhumés côte à côte.

À BEAUMONT-HAMEL


Dans le parc-mémorial Terre-Neuvien, la statue du Caribou 

Ce parc-mémorial conserve intactes les tranchées où ont vécu et le terrain sur lequel sont morts les volontaires du 1st Newfoundland Regiment. Après l’assaut du 1er juillet 1916, on dénombra parmi les 801 soldats de ce régiment 255 tués, 91 disparus et 386 blessés.

Pour rappel en cette seule journée les pertes des troupes du Commonwealth se sont élevées à 60000 parmi lesquelles 20000 tués. Et l’offensive de la Somme, qui se prolongea jusqu’en novembre 1916, fut la bataille la plus sanglante de toutes les batailles de 14-18.

400.000 Britanniques tués ou blessés
200.000 Français et 400.000 Allemands.

De toutes les cérémonies auxquelles j’ai pu assister cette année, outre celle du Lochnagar, il y en a deux que je retiendrai particulièrement. Plus intimes mais à mes yeux les plus émouvantes.

La première s’est tenue dans le bois de Mametz propriété du Marquis de Thézy auquel nous devons que ce lieu sacré soit aujourd’hui encore préservé. Lieu sacré car de nombreux soldats reposent toujours dans ces bois.

Le monument des Gallois face au bois de Mametz

 

Harry Fellows, 12th Northumberland Fusiliers, était de ceux qui ont combattu ici. Il échappa à la mort mais le souvenir de ses compagnons tombés dans le bois de Mametz l’a accompagné sa vie durant. Son désir était qu’à sa mort ses cendres soient dispersées un peu partout dans les bois afin qu’il puisse reposer auprès de ceux-ci. Grâce au marquis de Thézy devenu son ami, son voeu fut exaucé le 13 mars 1988. Il avait 91 ans.

Devant la stèle érigée en sa mémoire, on procéda notamment à la lecture d’un de ses poèmes intitulé « Mametz Woods 1914-1984 » et dont voici un court extrait traduit de l’anglais :

1914

Des arbres dévastés et une terre torturée
L’odeur acre de pourrissement
Des corps déchiquetés qui gisent aux alentours.
La bataille non loin de là.
De cette dévastation dont il est responsable
L’homme n’a-t-il aucun regrets ?
Est-ce qu’il s’interrompt pour se poser la question :
Les oiseaux chanteront-ils encore à Mametz

1984

Quelle merveille et plaisante vue se déroule devant mes yeux
Une panoplie d’arbres magnifiques s’étirant vers les cieux.
Quelqu’un a-t-il aidé dame nature a effacer les péchés des hommes ?
Oui là autrefois était la guerre maintenant règne la paix suprême
Et les oiseaux chantent encore à Mametz

Après le recueillement et le dépôt des gerbes de coquelicots la petite cérémonie se termine par une traditionnelle rasade de whisky partagée entre les participants qui la boivent à l’intention de tous ceux qui reposent dans ce bois. Et parmi nous, des représentants de la police allemande.

A FRICOURT

La seconde a eut lieu au cimetière allemand de Fricourt. Elle fut courte et cependant chargée d’émotion en particulier pour moi car parmi les hommes qui reposent là se trouvent certains de ceux qui ont combattu le 403e R.I et sous les balles desquels est peut-être tombé Henri Autin, notre aïeul. Et parmi les soldats allemands il en est peut-être aussi qui sont tombés sous ses balles.

Mais dans ce cimetière chacun venait se recueillir ici en tant que fils et filles d’Europe et dans un même un sentiment de paix retrouvée et d’amitié.

La cérémonie était animée par la musique du Somme Battlefiel Pipe Band de Péronne, le préfet de région, le maire de Fricourt et les représentants allemands ont tour à tour déposé des fleurs au pied du monument à la mémoire des 11970 soldats inhumés dans les quatre ossuaires et parmi lesquels 6477 demeurent inconnus.

Le Baron Von Richtofen, abattu à Vaux-sur-Somme le 21 avril 1918, fut inhumé ici avant le transfert de sa dépouille à Berlin.

A noter enfin que l’Allemagne était représentée dans toutes les cérémonies de la journée.