Visite des villages détruites au camp de Suippes (F)

Le Mesnil-les-Hurlus, Hurlus, Perthes-les-Hurlus, Ripont, Tahure sont des lieux chargés d’histoire; ces cinq villages de la Marne ont été rayés de la carte lors de la première guerre mondiale et jamais reconstruits. Leurs ruines, situées en « zone rouge », dorment aujourd’hui au sein du camp militaire de Suippes lequel ouvre exceptionnellement ses portes tous les deux ans pour en permettre la visite.

De ces anciens villages, il reste peu de choses visibles. Ici un petit mur de briques délimite l’endroit où se trouvait l’école, là quelques objets du quotidien sauvés des ruines. Et là-bas, au pied de l’église dont seul un pan du choeur subsiste, l’ancien cimetière.

Aux alentours la nature a reprit ses droits. Par mesure de sécurité, il est interdit de s’y aventurer mais il ne faut pas s’éloigner de beaucoup pour apercevoir, à l’orée des bois environnants, les stigmates de la guerre. Tranchées, trous d’obus…

Ici ce ne sont pas seulement des ruines qui dorment mais aussi des centaines d’hommes disparus au cours des combats dont les corps n’ont jamais été retrouvés. C’est un sol sacré que nous foulons et quand bien même nous sommes au coeur d’un camp militaire où, dans d’autres secteurs, des soldats s’entraînent régulièrement ; les sites des combats et ce qu’il reste des villages sont précieusement conservés.

Parmi les visiteurs il y en a beaucoup dont un membre de la famille a combattu ou a été tué ici. Moi-même suis sur les traces des compagnons de notre aïeul disparu, lui, quelques mois plus tôt dans la Somme.

A quelques mètres de la route, dans un bois, le reste d’un godillot

Pour circuler dans ce camp de plus de 13000 hectares l’armée à mis à disposition des bus navettes qui, de dix minutes en dix minutes, déposent leur flot de visiteurs dans les différents lieux accessibles selon l’année.

C’est avec beaucoup de respect que se déroule cette visite. On songe aux soldats et en ce jour d’été indien, sous la chaleur montante, dans une poussière de craie qui nous pénètre parfois par tous les pores, on imagine les conditions dans lesquelles ils ont dû se battre. On songe aussi aux civils forcés à l’exode et qui ont tout laissé.

Le Mesnil-les-Hurlus

L’ancien cimetière

Ce qu’il reste du choeur de l’église
Sur l’autel, la statue de la vierge retrouvée dans les tranchées françaises en 1920

Les Hurlus

Parmi les quelques ruines encore visibles subsiste un pan de l’église édifiée au 13e siècle…

…et au pied de celui-ci la stèle d’un travailleur chinois venu de loin pour décéder ici en 1919…

…à ses côtés celle d’un tout jeune caporal français tué ici en 1915

Tahure

Bouleversé par les bombardements, un ancien cimetière allemand.

A Tahure la présence des membres de l’association « Le Poilu de la Marne » qui conférait à cet endroit une dimension et une atmosphère toute particulière. Cette association participe à de nombreuses manifestation et son action pédagogique n’est plus à démontrer.

A chaque étape du parcours, de nombreuses planches explicatives informent les visiteurs sur le déroulement des combats et l’on pouvait également y voir des prises de vues aériennes d’époque ou prises après la guerre, des anciennes photos du village.Des militaires se tenaient aussi à disposition pour répondre aux éventuelles questions.


Le secteur de Perthes-les-Hurlus photographié en 1925 à une altitude de 3000 mètres.
(Source panneau d’information du camp de Suippes)


Un mot pour terminer : l’organisation de cette visite a été en tous points impeccable et nous devons remercier les militaires de tous grades qui nous ont accueillis ainsi que les artisans locaux présents dans les différents villages.