Le point de vue du soldat

Le 15 avril, le 403e vient de débarquer dans la Somme et le 2e Bataillon se trouve au cantonnement à Querrieu, à 17 km du front.

Alors dans l’attente imminente de leur montée au front, que font les soldats ? Dans quel esprit vivent-ils cette arrivée dans la région du front ?

C’est toujours dans le carnet du soldat Autin que je puise quelques informations à ce sujet.

Côté médical on y apprend qu’ils ont tous été vaccinés et durant ce court moment de répit ils ne chôment pas puisqu’ils sont soumis à des exercices. Certains « jouent »les blessés pour la manœuvre des brancardiers.

5h nous apprenons qu’un contre-ordre est arrivé au camp après notre départ-Nous sommes ici à 17 km du feu, que va-t-ton faire de nous ? On nous supprime notre secteur.

Apparemment les soldats ne sont pas certains de rester dans la région mais le 17 avril ils apprennent que le secteur 163 leur est rendu et qu’ils se battront à Albert.

Le 18 avril, partis de Querrieu à 8h du soir, ils arrivent à Bray-sur-Somme à 4h du matin. Épuisés les hommes se couchent de suite mais ils sont bientôt réveillés par le bombardement des Taubes allemands.

Leur cantonnement est une grange de ferme décrite comme…

…un véritable réduit remplit de souris et de rats, il paraît qu’il y a des pous (…)

 

Les cantonnements

Durant son séjour dans le secteur, l’Etat-Major, les Bataillons et les compagnies cantonneront tantôt à Etinehem, tantôt à Bray-sur-Somme ainsi qu’à Morlancourt, Ville-sur-Ancre, Méaulte ou encore Bécordel-Bécourt.

Voir carte ICI

Cette carte-postale représentant l’église de Bécordel-Bécourt donne une idée de l’état dans lequel devait se trouver ces lieux de cantonnement quand le régiment en a prit possession. (*)

Et comme elle l’avait fait à Méricourt-l’Abbé deux jours auparavant, l’aviation allemande « saluera » l’arrivée du 403e au cantonnement de Bray-sur-Somme :

Le 18 avril 1915

A trois heures 25 le 403e arrive dans ses cantonnements. A 4 h deux Taubes survolent la région de Bray et lancent sur cette localité une dizaine de bombes (…)

Le journal de marches des opérations nous précise qu’il n’en a résulté que « quelques dégâts matériels insignifiants ».

(*)(La photo a été prise durant l’hiver 1914-1915 avant la venue du 403e)

Le centre de résistance 71-110

Le Centre de Résistance 71-110 se présente sous l’aspect de deux croupes à mouvement ample, dont les pentes viennent finir en bordure de la route Fricourt-Carnoy.

Le front de combat s’étend sur une longueur d’environ 1400 mètre à vol d’oiseau

Son flanc droit est appuyé à la route de Péronne et à la voie ferrée, où a lieu la jonction avec la gauche des éléments de la 302e Brigade.

Son flanc gauche occupe la crête située à l’Est du Petit bois Français, il est relié à la 44e Brigade. Les tranchées françaises actuellement occupées par deux bataillons, ne sont en général, que très peu distantes des tranchées ennemies, 15 à 20 mètres en certains endroits, de 60 à 80 mètres en d’autres.

Les dispositions de l’ennemi paraissent être sensiblement les nôtres; l’adversaire a en ligne de l’Infanterie généralement de bons tireurs qui entretiennent un feu constant. L’artillerie, de son côté, semble toujours prête à intervenir.

L’ensemble des travaux du secteur (groupe de résistance) constitue un dispositif de résistance avec des éléments de surveillance.

Le Groupe Est se présente une première ligne de tranchées occupées par deux ou 3 sections par compagnies, le reste des compagnies est en arrière, en soutien, dans des cavités formant réduits.

En réserve, une compagnie reliée et avec le commandant du Groupe et avec le commandant du Centre de Résistance

Le Groupe Ouest comporte trois lignes (surveillance, résistance, tranchées ou réduits). La première ligne est occupée par deux Compagnies plus une section et demie de R2; deux sections et demie de R2 sont en réserve du Bataillon; une compagnie R3 en réserve générale, détache une section au barrage de Fricourt et une section aux tranchées de la carrière Ouest.

L’artillerie travaille en parfait accord avec l’Infanterie. Trois groupes sont placés de manière à battre tout le terrain qui a été dit; le groupe de Bénazais (75) prend sous son feu depuis la Corne Sud-Est du Bois Allemand, jusqu’à Nord-Ouest de 1313; la partie Sud-Est du Bois Allemand jusqu’à la limite Ouest du secteur, est battue par le 4e groupe en batterie au Sud de Croix Comtesse, enfin le groupe de Bronfay (75 et 95) prend sous son feu depuis 1313 jusqu’à l’extrémité Est du Groupe Ouest (Côte 71)

Dans le groupe 71-110, la partie gauche, celle du Bois Français notamment, paraît attirer plus particulièrement l’attention de l’ennemi; la configuration du terrain, du reste, semble prêter d’avantage à la possibilités d’une attaque. Sur ce point, les Allemands se bornent à une guerre de mines, et déjà, les deux entonnoirs qui existent méritent d’attirer plus spécialement l’attention du commandement.

Le 403e occupe conjointement ce secteur avec le 410e

Sur cette carte britannique datée du mois d’avril 1916, la ligne de front et le secteur n’ont pas changé depuis le départ du 403e. La flèche bleue situe l’actuel bois d’Engremont
(À l’époque « Bois Français »)