La guerre des mines (1)

Durant son séjour dans le secteur, le 403e sera surtout confronté à la guerre des mines (*). Et la première grosse confrontation avec cette tactique de guerre aura lieu le 30 avril. La journée avait été calme mais en début de soirée les Allemands font exploser une mine sous le bois Français…

Vers 19h40 les Allemands ont fait sauter une mine à proximité du bois Français; l’explosion de la mine fut accompagnée d’un bombardement de nos tranchées voisines du dit entonnoir. Une vive fusillade éclate immédiatement et gagne peu à peu toute la ligne; une lutte d’artillerie s’engage en même temps et bientôt l’ennemi, ainsi pris sous un feu violent, ralentit l’attaque que nous parvenons bientôt à enrayer complètement. Nous avons maintenu nos positions et continuons à les occuper. Nous faisons déblayer les parties détériorées par le canon ennemi.

Les pertes sont d’environ 7 à 10 tués dont un Sous-Lieutenant et une vingtaine de blessés appartenant tous au 410e Régiment d’Infanterie. Le Lieutenant-Colonel de ce régiment devait à 20h30 prendre le commandement du Centre de Résistance 71-110.

Le Lieutenant-Colonel Pernot commandant le 403e Régiment, conserve sur l’ordre du Général commandant de la 301e Brigade, le commandement du Centre de Résistance 71-110 jusqu’au 1er Mai 9 heures.

Selon l’historique du 410e, il semble que le nombre de pertes ait été beaucoup plus important du côté de ce régiment qui connu, ce soir-là, un tragique baptême du feu.

Toujours selon cet historique il y aurait eu dans ses rangs 27 tués, dont un officier, et 24 blessés. Ces hommes appartenaient à la 2e Cie ainsi qu’à la 4e Cie dont une demie-section renforçait les effectifs.

Il faut souligner le courage d’une escouade de la 2 Cie du 410e qui a occupé l’entonnoir apportant une aide précieuse aux hommes du 403e pour les aider à repousser l’ennemi.

Exemple de construction d’une sape de mine
(source panneau d’information du Lochnagar Crater à La Boisselle)

Les empreintes de cette guerre des mines subsistent toujours dans le bois Français

Premières pertes

A la date du 26 avril le J.M.O rapporte :

La 8e a occupé dans la nuit la Réserve du groupe Est.

Le 3e bataillon, parti dans la nuit du 25 au 26 Avril pour Ville sur Ancre où il sera jusqu’à nouvel ordre à la disposition de Mr le Général commandant la 44e Brigade

A la même date le soldat Autin écrit :

de 1h à 3h du matin, sentinelle et de 10h à 12h ½ – En faisant le ravitaillement, un homme a la figure traversée par une balle – il se trouvait à 1500 mètres de l’ennemi alors que nous n’en sommes qu’à 40 et il n’y a encore personne de tombé. Nous tiraillons par acquit de conscience ; car l’un et l’autre des adversaires sont si bien terrés que l’on ne voit rien.

Ce soldat, dont le nom m’est inconnu, semble être la première victime du 403e.

Pour la journée et la nuit du lendemain le J.M.O ne relate rien de spécial et c’est encore par le journal du soldat Autin que l’on apprend la perte d’un jeune de sa compagnie (3e).

3h du matin alerte ; un nommé Renouvin est tué d’une balle au ventre, l’alerte dure ½ heure, le calme revenu je suis désigné pour la place du mort jusqu’à 5 heures.

Il s’agit du soldat Marcel RENOUVIN. Né au Havre en février 1895, il venait d’avoir 20 ans…

Deux autres alertes auront lieu cette nuit-là mais sans conséquences.

Marcel, Alphonse, Charles RENOUVIN
Soldat de 2e cl. – +27.04.1915 – Inhumé à Bray-sur-Somme (carré bis/tb360)


Le 29 avril c’est le jeune Pierre GOUAULT, originaire de Bourseul (Côtes d’Armor), qui est tué. Né également en février 1895, il venait lui aussi d’avoir 20 ans !

Pierre, Marie, Jean GOUAULT
Soldat de 2e cl.-+29.04.1915 – Inhumé à Bray-sur-Somme (Tb 261)