A l’instar d’autres secteurs du front, à l’ombre des grands récits de 14-18, dans la Somme le centre de résistance 71-110 occupé en 1915 par les 403e et 410e ne suscitera jamais d’intérêt particulier.
Ici on ne meurt pas dans de grandes offensives meurtrières, on meurt à petit feu ; enseveli par l’explosion d’une mine, transpercé par les débris d’obus, frappé par la balle d’un tireur embusqué, tué au cours d’un patrouille ou encore, pour certains, emporté par une de ces sales maladies qui rodent dans les tranchées. Sans compter les blessés qui, à l’hôpital temporaire de Etinehem décèdent après plusieurs jours de souffrances.
Avant l’arrivée des Britanniques, la seule grande « offensive » qui fera date dans ce secteur est le « coup de main » du 19 juillet 1915. Un coup de main qui verra 115 hommes mis hors de combat parmi lesquels on relèvera 59 blessés, 38 tués et 18 disparus.
Mais le secteur est réputé calme et ici les soldats meurent, hormis la considération de leurs compagnons, dans l’indifférence.
Le 25 mai à 18h30 les Allemands font exploser une mine en avant du secteur dit « des entonnoirs ». Selon le JMO de la division, cette mine bouleverse la tranchée sur 20 à 25 mètres et comble les boyaux Kervel et Gicquel ensevelissant 10 hommes.
Les hommes du 403e y échappent de peu car les malheureux qui sont ensevelis appartiennent au 410e qu’ils allaient relever à cet endroit quelques heures plus tard.
Leur compagnons s’emploient à les dégager sous le feu de barrage de l’ennemi. Les sapeurs viennent à la rescousse pour aider les hommes dans leur tâche de déblaiement. Cinq cadavres seront retirés le 26, deux autres le lendemain et un dernier sera encore retrouvé le 27.
Pas de répit pour les hommes, les Allemands ne lâchent pas prise. Le 27 mai le génie perçoit de nouveaux bruits dont tout indique qu’il s’agit de l’exécution d’un nouveau fourreau de mine et ce toujours dans le voisinage du Bois français où a eu lieu l’explosion du 25.
Toujours selon le JMO de la division, par une sage mesure de précaution, le commandement décidera l’évacuation provisoire de cette zone dangereuse ne laissant sur place que quelques guetteurs et les mitrailleuses seront mises en position. Cependant aucune explosion de mine n’aura lieu là, du moins dans les jours qui suivront.
Pour cette fois les hommes du 403e l’auront échappé belle.
Le 410e perdra dix hommes dans ce secteur où l’on meure toujours…à petit feu.