Ceux « d’en face »

Ils étaient de « l’autre tranchée » mais quand bien même, c’étaient aussi des pères, des fils et dans leurs foyers c’est avec la même angoisse que dans les nôtres qu’on attendait de leurs nouvelles.

Ces deux photos, déposées là sans doute par des descendants, se trouvent dans le registre d’un cimetière allemand de la Somme (*)

Ceux-ci profitent d’un moment de repos autour d’une bonne chope

Tandis que celui-ci a été tué dans le second mois de la guerre


(*) Avec le regain d’intérêt suscité par la première guerre les vols d’objets tels que : plaques émaillées, photos et même registres, se multiplient dans les cimetières militaires et sur les lieux de mémoires. C’est pourquoi les lieux, pour ce genre de découvertes, ne seront plus mentionnés.


La machine infernale

En date du 22 juin le caporal Autin avait écrit «[…] les allemands envoient une torpille roulante qui nous démoli un parapet, personne n’est touché[…] »

Dans le JMO du régiment cette « torpille » est décrite comme « une sorte de machine infernale qui produit un bruit extraordinaire et paraît avoir un effet destructif puissant ».

En effet, les défenses accessoires, le parapet de tir sont gravement endommagés et le blockhaus du T français est décapité.

Mais c’est dans le JMO de la division que l’on obtient le plus de détails sur cet engin et sur ses effets.

A 1h 30 un minnenwefer est lancé sur le T français (tranchée 71-110), causant d’assez sérieux dégâts […] A 14h un rapport du capitaine commandant la Zone D transmis par la 301e Brigade, donne des précisions sur le minnenwerfer lancé cette nuit par les allemands. Le capitaine a cru voir là une machine de guerre non encore aperçue qu’il baptise « Tarasque » et décrit en ces termes :

« C’est un projectile sur roues, muni de griffes qui coupent les fils de fer en les franchissant, elle est poussée de loin ou tirée au moyen d’une corde et d’une poulie attachée préalablement à un point fixe, elle éclate à pied d’oeuvre »

Le général de Brigade ajoute qu’il ne croit pas qu’un tel engin s’il existe puisse être manoeuvré par des moyens aussi rudimentaires que ceux décrits, il supposerait plutôt qu’il utilise la force d’expansion de l’air comprimé.

Cet engin a produit cette nuit une explosion formidable entraînant l’éboulement d’une partie des parapets de T français (partie N et partie O)

Ferme de Beauséjour (1er février 1916)

Carte-photo écrite le 10 avril 1916. Peut-être par un des soldats qui figurent sur la photo

Mon cher Lucien,

Je te remercie pour ta derniere lettre. Puisse le temps etre favorable à la poussée des asperges afin que pour Pâques tu puisses en parfumer l’omelette
Embrasse bien Marthe et Lili et continues toujours à faire des progrès à l’école.
Bien à toi,

André


Je profite de la question posée par un de mes visiteurs pour passer l’information à tous :

Le site de la Ferme de Beauséjour est aujourd’hui intégré dans le camp militaire de Suippes dont l’accès est habituellement interdit. Mais tous les deux ans une visite des sites disparus est organisée par les autorités militaires du camp.

La dernière visite ayant eu lieu à l’occasion du 11 novembre 2008, la prochaine est, en principe, prévue pour 2010.

Mais vous pourrez obtenir plus de renseignements auprès des responsables à cette adresse :

Contact / Camp de Suippes :

Officier supérieur adjoint
du Centre d’Entraînement des Brigades
51400 MOURMELON LE GRAND

Tél. 03 26 63 71 01