René DEVAUX
1er Sergent au 19e de Ligne
Né à Beauraing le 12 août 1914
Tombé au champ d’honneur le 26 mai 1940
René DEVAUX
1er Sergent au 19e de Ligne
Né à Beauraing le 12 août 1914
Tombé au champ d’honneur le 26 mai 1940
A l’instar d’autres secteurs du front, à l’ombre des grands récits de 14-18, dans la Somme le centre de résistance 71-110 occupé en 1915 par les 403e et 410e ne suscitera jamais d’intérêt particulier.
Ici on ne meurt pas dans de grandes offensives meurtrières, on meurt à petit feu ; enseveli par l’explosion d’une mine, transpercé par les débris d’obus, frappé par la balle d’un tireur embusqué, tué au cours d’un patrouille ou encore, pour certains, emporté par une de ces sales maladies qui rodent dans les tranchées. Sans compter les blessés qui, à l’hôpital temporaire de Etinehem décèdent après plusieurs jours de souffrances.
Avant l’arrivée des Britanniques, la seule grande « offensive » qui fera date dans ce secteur est le « coup de main » du 19 juillet 1915. Un coup de main qui verra 115 hommes mis hors de combat parmi lesquels on relèvera 59 blessés, 38 tués et 18 disparus.
Mais le secteur est réputé calme et ici les soldats meurent, hormis la considération de leurs compagnons, dans l’indifférence.
Le 25 mai à 18h30 les Allemands font exploser une mine en avant du secteur dit « des entonnoirs ». Selon le JMO de la division, cette mine bouleverse la tranchée sur 20 à 25 mètres et comble les boyaux Kervel et Gicquel ensevelissant 10 hommes.
Les hommes du 403e y échappent de peu car les malheureux qui sont ensevelis appartiennent au 410e qu’ils allaient relever à cet endroit quelques heures plus tard.
Leur compagnons s’emploient à les dégager sous le feu de barrage de l’ennemi. Les sapeurs viennent à la rescousse pour aider les hommes dans leur tâche de déblaiement. Cinq cadavres seront retirés le 26, deux autres le lendemain et un dernier sera encore retrouvé le 27.
Pas de répit pour les hommes, les Allemands ne lâchent pas prise. Le 27 mai le génie perçoit de nouveaux bruits dont tout indique qu’il s’agit de l’exécution d’un nouveau fourreau de mine et ce toujours dans le voisinage du Bois français où a eu lieu l’explosion du 25.
Toujours selon le JMO de la division, par une sage mesure de précaution, le commandement décidera l’évacuation provisoire de cette zone dangereuse ne laissant sur place que quelques guetteurs et les mitrailleuses seront mises en position. Cependant aucune explosion de mine n’aura lieu là, du moins dans les jours qui suivront.
Pour cette fois les hommes du 403e l’auront échappé belle.
Le 410e perdra dix hommes dans ce secteur où l’on meure toujours…à petit feu.
Faisant suite à l’article sur « La nécropole française de Carnières-Collarmont », Monsieur Dupont, originaire de la localité, nous fait aujourd’hui parvenir ce témoignage.
Je suis originaire de carnières et plus particulièrement de Collarmont ou s’est déroulée une bataille le 22/8/1914.
Lorsque j’étais gamin, je me souviens que chaque année il y avait une cérémonie au cimetière militaire français, mon voisin était d’ailleurs un poilu qui avait été blessé à cette bataille, soigné au couvent à Carnières il y avait rencontré l’âme soeur. Il s’agissait de René Parisot et son épouse Ida Paul qui l’avait soigné .
Une autre anecdote est celle vécue par ma grand-mère Marie Wasterlain, elle habitait à la rue Rosière 19 à Collarmont, mon papa était né en mars 1914 et donc lorsque la bataille commença ma grand-mère partit avec mon papa, ils se cachèrent dans une cave. Ma grand mère racontait que mon papa n’avait jamais pleuré ce qui leur avaient sauvé la vie car les soldats allemands avinés se trouvaient au dessus d’eux l’endroit ou ils se trouvaient étant un estaminet.
A son retour, sa maison était devenue l’infirmerie, il y avait des blessés et des morts partout.
Elle racontait souvent l’histoire du Lieutenant Mouilleron qui avait vaincu dans un duel à l’épée un officier allemand, les teutons se ruant sur lui pour le tuer à la baïonette. Mouilleron était décédé sur une botte de paille dans la cour, l’officier allemand décéda dans la lit de ma grand mère qu’il avait d’ailleurs défoncé tant il était agité dans son agonie. Ma grand mère avait récupéré un chapelet du Lieutenant Mouilleron qui a d’ailleurs été remis à son fils en 1964 si mes souvenirs sont bons. Ma grand mère était née en 1892, mais elle racontait trés souvent ct épisode elle avait d’ailleurs été interrogée par le Général Gierts auteur d’un recueil sur la bataille
Un tout grand merci à Monsieur Dupont pour le partage de cet émouvant témoignage.