Premières pertes

A la date du 26 avril le J.M.O rapporte :

La 8e a occupé dans la nuit la Réserve du groupe Est.

Le 3e bataillon, parti dans la nuit du 25 au 26 Avril pour Ville sur Ancre où il sera jusqu’à nouvel ordre à la disposition de Mr le Général commandant la 44e Brigade

A la même date le soldat Autin écrit :

de 1h à 3h du matin, sentinelle et de 10h à 12h ½ – En faisant le ravitaillement, un homme a la figure traversée par une balle – il se trouvait à 1500 mètres de l’ennemi alors que nous n’en sommes qu’à 40 et il n’y a encore personne de tombé. Nous tiraillons par acquit de conscience ; car l’un et l’autre des adversaires sont si bien terrés que l’on ne voit rien.

Ce soldat, dont le nom m’est inconnu, semble être la première victime du 403e.

Pour la journée et la nuit du lendemain le J.M.O ne relate rien de spécial et c’est encore par le journal du soldat Autin que l’on apprend la perte d’un jeune de sa compagnie (3e).

3h du matin alerte ; un nommé Renouvin est tué d’une balle au ventre, l’alerte dure ½ heure, le calme revenu je suis désigné pour la place du mort jusqu’à 5 heures.

Il s’agit du soldat Marcel RENOUVIN. Né au Havre en février 1895, il venait d’avoir 20 ans…

Deux autres alertes auront lieu cette nuit-là mais sans conséquences.

Marcel, Alphonse, Charles RENOUVIN
Soldat de 2e cl. – +27.04.1915 – Inhumé à Bray-sur-Somme (carré bis/tb360)


Le 29 avril c’est le jeune Pierre GOUAULT, originaire de Bourseul (Côtes d’Armor), qui est tué. Né également en février 1895, il venait lui aussi d’avoir 20 ans !

Pierre, Marie, Jean GOUAULT
Soldat de 2e cl.-+29.04.1915 – Inhumé à Bray-sur-Somme (Tb 261)

 

Le point de vue du soldat

Le 15 avril, le 403e vient de débarquer dans la Somme et le 2e Bataillon se trouve au cantonnement à Querrieu, à 17 km du front.

Alors dans l’attente imminente de leur montée au front, que font les soldats ? Dans quel esprit vivent-ils cette arrivée dans la région du front ?

C’est toujours dans le carnet du soldat Autin que je puise quelques informations à ce sujet.

Côté médical on y apprend qu’ils ont tous été vaccinés et durant ce court moment de répit ils ne chôment pas puisqu’ils sont soumis à des exercices. Certains « jouent »les blessés pour la manœuvre des brancardiers.

5h nous apprenons qu’un contre-ordre est arrivé au camp après notre départ-Nous sommes ici à 17 km du feu, que va-t-ton faire de nous ? On nous supprime notre secteur.

Apparemment les soldats ne sont pas certains de rester dans la région mais le 17 avril ils apprennent que le secteur 163 leur est rendu et qu’ils se battront à Albert.

Le 18 avril, partis de Querrieu à 8h du soir, ils arrivent à Bray-sur-Somme à 4h du matin. Épuisés les hommes se couchent de suite mais ils sont bientôt réveillés par le bombardement des Taubes allemands.

Leur cantonnement est une grange de ferme décrite comme…

…un véritable réduit remplit de souris et de rats, il paraît qu’il y a des pous (…)

 

Les cantonnements

Durant son séjour dans le secteur, l’Etat-Major, les Bataillons et les compagnies cantonneront tantôt à Etinehem, tantôt à Bray-sur-Somme ainsi qu’à Morlancourt, Ville-sur-Ancre, Méaulte ou encore Bécordel-Bécourt.

Voir carte ICI

Cette carte-postale représentant l’église de Bécordel-Bécourt donne une idée de l’état dans lequel devait se trouver ces lieux de cantonnement quand le régiment en a prit possession. (*)

Et comme elle l’avait fait à Méricourt-l’Abbé deux jours auparavant, l’aviation allemande « saluera » l’arrivée du 403e au cantonnement de Bray-sur-Somme :

Le 18 avril 1915

A trois heures 25 le 403e arrive dans ses cantonnements. A 4 h deux Taubes survolent la région de Bray et lancent sur cette localité une dizaine de bombes (…)

Le journal de marches des opérations nous précise qu’il n’en a résulté que « quelques dégâts matériels insignifiants ».

(*)(La photo a été prise durant l’hiver 1914-1915 avant la venue du 403e)