Quand l’artillerie s’en mêle

De part et d’autre la guerre des mines est entre-coupée par des tirs d’artillerie. Tandis que le JMO les relate avec toute la froideur du compte-rendu militaire…

8 mai – A partir de 9 heures notre grosse Artillerie bombarde les lignes Allemandes.

A 11h le tir est terminé. Les Allemands se maintiennent dans le boyau reliant les lèvres Nord des entonnoirs N°s 1 et 2.

…dans les tranchées les hommes le ressentent différemment.

Depuis hier soir 6h j’ai pris une garde de 24h avec mon escouade, j’assiste à un bombardement des tranchées ennemies par notre canon appelé Crapouillard. Le résultat doit être terrible car nous sentons le déplacement d’air jusqu’ici où de morceaux de fontes viennent s’égarer et là-bas des colonnes de fumée noire s’élèvent jusqu’à 25 mètres – pas un coup de fusil ne s’entend. (*)

(*)Extrait du carnet du caporal Henri Autin

La guerre des mines (II)

A partir du 30 avril, les explosions vont se succéder et parfois à un rythme infernal.

Dans ce contexte peut-on seulement imaginer dans quel état d’esprit les hommes remontent aux tranchées ?

Le 1er Mai

– à 1 heure, le génie fait exploser une mine (camouflet) pour bouleverser les travaux allemands dans l’écoute de la Galerie H; l’artillerie ennemie y répond en lançant des minenwerfer.

Le 5 mai – A 20h25 les Allemands font exploser une mine dans l’entonnoir n°2; cette explosion est suivie d’une vive fusillade, elle a pour résultat de bouleverser complètement la lèvre Nord de l’entonnoir n°2

 

Le 7 mai – Rien à signaler dans le courant de la journée. A 19h30 les Allemands font sauter une mine à la gauche de D, l’explosion s’est produite, semble-t-il plus près des lignes allemandes que Françaises.

La tenue des hommes du régiment durant ces engagements leur vaut les félicitations du Général :

Sur l’Ordre d’Opération en date du 7 Mai, le Général de Brigade fait connaître ce qui suit:

« Le Général Commandant le Corps d’Armée a bien voulu exprimer ce matin toute sa satisfaction sur la bonne tenue des régiments de la Brigade au cours des derniers engagements » En transmettant les félicitations du Général Commandant le Corps d’Armée aux Officiers, Sous-Officiers, Caporaux et Soldats, le Général est heureux d’y ajouter les siennes.

« Extrait des « Croix de Guerre » de R.Christian-Frogé – Edition Librairie de France 1936

« […] le secteur est calme, un coup de feu déchire à peine le silence. Et, brusquement, une explosion sourde – dans un remous qui fait chanceler tous les guetteurs aux alentours – une explosion ouvre un gigantesque cratère et projette au ciel, à travers une nuée noire, des monceaux de pierrailles, des flammes hautes, des fers tordus, des corps déchiquetés.

Une mine a sauté : 45.000 kilos de cheddite ont changé la face d’un secteur. Des escarpements hérissent le large cratère; et, vers la fosse aux parois abruptes, un bond prodigieux a précipité les combattants. On s’aborde à coups de grenades, à coups de crosses, à coups de poignard. Les artilleries grondent : des obus explosifs encagent le champ clos. Et des soldats, de nouveaux soldats vont mourir pour la possession de cette cuve infernale, de cette terre si bien tuée que pas un brin d’herbe ne pourra plus y reverdir […] »

La guerre des mines (1)

Durant son séjour dans le secteur, le 403e sera surtout confronté à la guerre des mines (*). Et la première grosse confrontation avec cette tactique de guerre aura lieu le 30 avril. La journée avait été calme mais en début de soirée les Allemands font exploser une mine sous le bois Français…

Vers 19h40 les Allemands ont fait sauter une mine à proximité du bois Français; l’explosion de la mine fut accompagnée d’un bombardement de nos tranchées voisines du dit entonnoir. Une vive fusillade éclate immédiatement et gagne peu à peu toute la ligne; une lutte d’artillerie s’engage en même temps et bientôt l’ennemi, ainsi pris sous un feu violent, ralentit l’attaque que nous parvenons bientôt à enrayer complètement. Nous avons maintenu nos positions et continuons à les occuper. Nous faisons déblayer les parties détériorées par le canon ennemi.

Les pertes sont d’environ 7 à 10 tués dont un Sous-Lieutenant et une vingtaine de blessés appartenant tous au 410e Régiment d’Infanterie. Le Lieutenant-Colonel de ce régiment devait à 20h30 prendre le commandement du Centre de Résistance 71-110.

Le Lieutenant-Colonel Pernot commandant le 403e Régiment, conserve sur l’ordre du Général commandant de la 301e Brigade, le commandement du Centre de Résistance 71-110 jusqu’au 1er Mai 9 heures.

Selon l’historique du 410e, il semble que le nombre de pertes ait été beaucoup plus important du côté de ce régiment qui connu, ce soir-là, un tragique baptême du feu.

Toujours selon cet historique il y aurait eu dans ses rangs 27 tués, dont un officier, et 24 blessés. Ces hommes appartenaient à la 2e Cie ainsi qu’à la 4e Cie dont une demie-section renforçait les effectifs.

Il faut souligner le courage d’une escouade de la 2 Cie du 410e qui a occupé l’entonnoir apportant une aide précieuse aux hommes du 403e pour les aider à repousser l’ennemi.

Exemple de construction d’une sape de mine
(source panneau d’information du Lochnagar Crater à La Boisselle)

Les empreintes de cette guerre des mines subsistent toujours dans le bois Français